Aujourd’hui les parents ont le choix dans les prénoms qu’ils peuvent donner à leurs enfants. Bien souvent il peut s’agir d’un prénom qu’ils aiment tout simplement. Ainsi mes prénoms sont Anne-Sophie, Virginie, Aurore sans qu’il n’y ait aucun lien avec mes aïeux. Parfois, on retrouve le prénom des grands parents, celui d’une grand-mère qui peut être masculinisé ou d’un grand-père féminisé. Ainsi mon conjoint se prénomme Loïs, Albert, Lilian, ses 2 grands-mères étant Albertine et Liliane.
Et chez nos ancêtres ?
Dans les actes de baptême de nos aïeux, le prénom d’une fille est souvent celui de sa marraine et d’un garçon celui de son parrain. Ainsi sur l’exemple ci-dessous, le prénom donné à l’enfant est celui de son parrain, Jacque Frelicot : aucun aïeul ne se prénomme ainsi.

1731 COLIN Jacque (B)
Il arrive aussi que ce soit le prénom du père ou de la mère, qui peut être le même que celui des aïeux, surtout pour les aînés. Ce qui n’est pas sans poser un certain nombre de difficultés…
Jean François Collin
Jean François Collin naît le 22 décembre 1808 à Tréveneuc, à huit heures du matin. Jean-François est le fils de Jean François et Louise Marie Le Dantec. Dans un certain nombre d’actes, Jean François est appelé « François » probablement pour le différencier de son père. Son père, Jean François est né en 1764 et décède en 1841.

4Q 14505 – Répertoire des formalités hypothécaires
Une recherche dans les archives hypothécaires s’avère surprenante : le répertoire vers lequel les tables alphabétiques renvoient pour Jean François Collin (qui a perdu un -l comme bien souvent…) mentionne 3 inscriptions, entre 1826 et 1847¹. A ce stade, impossible de savoir de quel Jean François Collin il s’agit. Une inscription en 1847 laisse penser qu’il s’agit du fils, le père étant décédé en 1841, mais l’inscription de 1826 ne semble pas le concerner, il n’a alors que 18 ans, et en 1837, Jean François fils ne possède aucun bien, le partage des biens de son père n’a pas encore été fait et ne le sera pas avant 1841.
Pour confirmer quel Jean François Collin est concerné par quelle inscription, il faut retrouver les actes notariés.
L’acte passé chez Me Videment, à Étables, en date du 13 mars 1826,² n’est pas signé par Jean François qui ne sait le faire contrairement à son fils. C’est un indice mais rien de décisif.

1826 Créance COLLIN Jean François
Jean François est laboureur et demeure à Keriouet. Les autres co-débiteurs sont Jean François Lagadec de Tréveneuc (agissant au nom de ses petits-enfants), Julien Mathurin Hervé, aubergiste à St Quay, Jean Marie Pluzanic, laboureur à Lantic (agissant pour lui et ses frères et soeurs) et Anne Marie Uriac, non présente à la signature de l’acte, de Tréveneuc.
L’acte est une créance hypothécaire : les co-débiteurs doivent aux sieurs Sevennes à l’époque de Noël de chaque année « une rente censive, ancienne foncière, annuelle et perpétuelle ». Cette rente est perpétuelle. L’acte nous donne quelques précisions : elle est « la même que celle (…) mentionnée en une déclaration du seize avril mil sept cent soixante quatre (…), elle est aussi la même que celle (…) du dix sept mars mil huit cent six ».
L’hypothèque est faite sur « deux maisons composées d’une cuisine, grenier au dessus sous couverture de chaume, cours au devant, puits et étables en icelles, un petit jardin au derrière et l’autre au levant et quatre pièces de terre y joignant, le tout s’entretenant, situé à Keriouet » et sur une pièce de terre. On apprend que la pièce de terre ainsi qu’une des maisons appartiennent à Anne Marie Uriac. La localisation des deux maisons laisse penser que l’autre appartient à Jean François, ce qui sera confirmé par les actes suivants. C’est d’ailleurs lui et Anne Marie Uriac qui doivent la plus grosse portion, respectivement 8 francs et 30 cts et 10 francs et 55 cts, les autres ne devant qu’1 franc 85 cts et 1 franc 50 cts.

4Q 112 – Inscriptions – 1837
L’inscription de 1837³ faite au profit d’Antoine Aulanier contre Jean François Collin, renvoie à un acte passé devant le même notaire le 4 mars 1827. L’acte de 1827² est la reconnaissance de la même rente censive que celle de 1826 mais fait en présence d’Anne Marie Uriac. Il y est d’ailleurs fait référence. Cet acte modifie la somme due par Anne Marie Uriac à 9 francs et 40 centimes.
Au regard des éléments mentionnés sur l’inscription de 1837, un acte a-t-il été passé qui désolidariserait les co-débiteurs (l’inscription de 1826 les listait tous) et aurait transféré la propriété des sieurs Sevennes au sieur Aulanier ?
Dans le partage de 1841, la maison est assortie d’une rente vers Monsieur Aulanier. Cette indication supplémentaire confirme qu’il s’agit d’une créance transmise de génération en génération.
Des déductions, des hypothèses mais au final à ce jour rien ne permet de confirmer quel Jean François Collin a contracté ces créances, si ce n’est évidemment celle de 1847… Des recherches supplémentaires et notamment celle d’un acte en 1837 et de l’acte de 1764, non trouvés à ce jour, pourraient permettre d’apporter un éclairage plus franc à cette histoire.
Donner les mêmes prénoms à ses enfants rend les recherches un peu plus compliquées mais aussi un peu plus passionnantes…
Sources :
¹AD 22 – 4Q 14505 – Répertoire des formalités hypothécaires – Conservation de St Brieuc – Volume 7, Case 283 – 1825
²AD 22 – 3E 36/16 – Minutes de Me Videment, notaire à Étables – 1826 – 1827 et Archives privées
³AD 22 – 4Q 73, volume 66, article 373 / 4Q 112, volume 105 article 289 / 4Q 167, volume 160, article 174 – Registres des inscriptions, Bureau de St Brieuc
Ma fille s appelle Clea Marie Coline 🙂 en hommage à ma grand mère Leontine Colin qui se faisait appeler colinette coco ou mamie coco. Et mon fils Lucas Julien Alfred en hommage à son mari , mon grand père, Alfred Feraud
Petits clins d oeil
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