Au début de mes recherches alors que je partais à la découverte de l’univers généalogique, il y a plus de 20 ans, je me suis évidemment concentrée sur les actes d’État Civil, en commençant par feuilleter tous les registres. Puis j’ai découvert l’existence des tables décennales qui permettent d’aller beaucoup plus vite même si cela n’empêche pas de vérifier page à page lesdits registres, un oubli ou une erreur étant possible. En voici un exemple.
La table décennale 1833 – 1842 pour la Commune de Tréveneuc indique trois naissances dans les familles Collin : Ange Marie, en 1838, François Marie, le 12 décembre 1935 et Pierre Marie, le 22 décembre de la même année.

AD22 – 5Mi TD53 – Tréveneuc
La recherche dans les registres s’avère très vite infructueuse : aucun acte de naissance d’enfants Collin en 1835. Tourner les pages de tous les registres de la décennie permet cependant de les retrouver : en réalité, François est né en 1841 et Pierre en 1842. L’Officier d’Etat Civil qui a rédigé la table s’est donc trompé de quelques années…
De la même manière certains actes comportent des erreurs. En 1841, dans l’acte de mariage de Jean François Collin et Marie Jeanne Hélary, les parents des deux précédents, que ce soit sur le registre conservé par la commune ou sur le registre déposé au greffe aujourd’hui aux Archives Départementales, l’Officier d’État Civil indique que le contractant est né le 21 novembre 1809 à Tréveneuc. Il n’existe aucun enfant né à Tréveneuc à cette date. Après une recherche dans les tables décennales puis dans les actes de naissance, Jean François est finalement né le 22 décembre 1808…
Puis je suis passée à l’Ancien Régime, finies les tables décennales si pratiques, retour aux registres lus page à page : actes de baptêmes, mariages et sépultures, tous mélangés…
Je n’avais, à l’époque, aucune méthodologie et je découvrais au fur et à mesure que j’avançais. Je savais, et j’avais de la mémoire, quels étaient les registres que j’avais parcourus : tous ceux de Tréveneuc et St Quay pour le côté maternel et de Plouézec pour le côté paternel, dans les salles des mairies, sur microfilm, sur internet. C’était relativement simples puisqu’à l’époque je pensais que les deux familles ne venaient que de ces communes, ce qui s’est avéré vrai pendant longtemps. J’avais noté tous les Collin / Colin et les Le Gall.
Pour autant j’ai dû parcourir ces registres plusieurs fois, pour vérifier, contrôler et parfois peut-être retrouver des actes que je n’avais pas vus, ou tout simplement parce que j’avais oublié que je les avais parcourus, la mémoire d’un été à l’autre n’étant peut-être pas si infaillible… Et puis, certainement aussi parce que j’adorais parcourir ces registres et sentir le papier qui a cette odeur de mystère, de trésor et d’ancien !!
Imaginez : vous avez entre 12 et 15 ans, êtes dans la salle de conseil municipal de la mairie de Plouézec, tapissée et meublée de vieilles tables et chaises. Vous avez accès à des registres allant jusqu’au milieu du 16ème, entreposés sur une étagère ou dans une vieille armoire bretonne. Comment ne pas y passer des après-midis ? Et quelle joie de découvrir qui étaient mes ancêtres à travers ces papiers vieux de plus de 400 ans pour certains. On peut bien prolonger le plaisir en y revenant plusieurs fois…
Lire et relire…
A plusieurs reprises je suis revenue sur mes recherches, j’ai recommencé… Mon premier blocage eu lieu au bout de quelques semaines : impossible de retrouver François Le Gall.
Voici la situation : Le 5 février 1763 à Plouézec Yves Le Gall voit le jour. Yves est le fils de François et de Elizabeth Quintin. Retrouver l’acte de mariage de ses parents n’est pas trop compliqué, il suffit de remonter quelques pages en arrière : le mariage a lieu le 17 septembre 1761. François a 29 ans. Bille en tête je fonce sur les actes de baptême de la décennie 1730 pour retrouver celui de François. Mais l’acte n’existe pas. Plusieurs étés j’ai recherché cet acte, repris les registres de baptêmes, mariages et sépultures de la commune.
Et puis, quelques années plus tard (je ne faisais de généalogie que pendant l’été), j’ai décidé de tout reprendre à zéro, noter les parrains, marraines, oncles, tantes, frères ou sœurs présents lors des actes de la vie civile de manière à trouver d’autres pistes. J’ai donc repris tous les actes précédemment photocopiés ou photographiés, les ai relus attentivement et en entier et ai vérifié mon arbre, corrigé, ajouté, complété…

1761 LE GALL QUINTIN (M) – BMS – Commune Plouézec
Arrivée sur l’acte de mariage de François, que je relis avec attention, quelle est cette surprise qui m’attend depuis plusieurs siècles : ses parents sont de Pléhédel, paroisse limitrophe !! Et s’il avait été baptisé là-bas ? Et si mes certitudes quant à l’origine de la famille à Plouézec étaient erronées ?
Me voici partie à la mairie de Pléhédel à sa recherche. Je trouve en quelques minutes son acte de baptême en date du 12 janvier 1733. J’ai ainsi pu remonter quelques générations avec Jean également originaire de Pléhédel puis Charles né à Plouézec en 1660, fils de François de Pleudaniel.
Et tout reprendre encore et encore…
Quand on pousse le travail un peu plus loin, que l’on veut revenir sur certains actes il est nécessaire de les retrouver et pour cela les cotes sont indispensables. Et qui dit aucune méthodologie à l’époque dit également aucune cote.
Reprendre et recommencer mon arbre j’avais donc déjà fait. Mais je n’avais toujours pas eu l’idée de noter les cotes ou du moins pas de façon systématique… J’ai donc repris encore une fois toutes mes recherches à l’occasion de la rédaction de mon mémoire dans le cadre du DU de Généalogie suivi cette année : retrouver les tables décennales, de nouveau parcourir les registres, prendre les cotes, réenregistrer des documents… Reprendre les recherches à presque zéro… mais en sachant où j’allais…
Pour constituer un squelette généalogique, sur lequel il manque aujourd’hui encore beaucoup d’os, j’ai donc repris, effacé, recommencé plusieurs fois… Et même si aujourd’hui j’ai acquis plus de méthodologie qu’il y a 20 ans, je suis certaine que je n’ai pas fini de remettre mon ouvrage sur le métier…
Le titre de l’article est issu d’un texte de Nicolas Boileau (1636, 1711)
Avant donc que d’écrire, apprenez à penser.
Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement,
Et les mots pour le dire arrivent aisément.Hâtez-vous lentement, et sans perdre courage,
Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage,
Polissez-le sans cesse, et le repolissez,
Ajoutez quelquefois, et souvent effacez.Boileau, L’Art Poétique
Bonjour
Je découvre que la généalogie de part ton texte et de mon expérience personnel , c’est de la patience, de la rigueur et de l’analyse. Cela ne me gêne pas car dans mon activité proffessionnelle c’était mon quotidien. J’ai decouvert aussi que selon les communes l’écriture et la rigueur des informations manuscrites étaient au bon vouloir du curé ou du recteur. J’ai un léger avantage dans mes recherches du fait de la localisation de mes ancêtres dans les mêmes communes. Mais j’ai quand même des branches sans brindilles. J’identifie et note au préalable les membres dont je trouve les actes dans les AD, je fait une copie d’écran et je crée une fiche pour chaque individu et chaque type d’acte BMD. Pour les frères et soeurs j’élabore un dossier par famille avec les lieux de BMD. Ce qui donne à ce jour pour ma branche paternelle 1200 fichiers informatique et 260 dossiers. Je travaille aussi sur des fichiers Excel de façon à pouvoir faire des stats. Et cerise sur le gâteau, s’identifie sur une carte routière les lieux de vie de ces différentes famille. Mais bon il y a encore beaucoup de boulot. L’avantage de la retraite est le temps disponible pour s’adonner à ce plaisir.
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